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"Debout", par Dana, juillet 2021

Debout, collés les uns aux autres, ils ont froid. Ils ont chaud. Ils suent. Ils grelottent. Selon la saison, les cœurs se liquéfient ou se glacent. Les corps peinent. Ils perdent de leur prestance.

Debout a perdu sa droiture.

Debout, serrés les uns contre les autres sur cette place nommée Liberté, on les dépouille de la leur.

Engoncés dans l'enfermement qui signera la fin de leur destin, ils ignorent encore l'horreur au bout de leur chemin.

Debout, enlacés les uns aux autres, certains tombent, ne se relèvent pas, ne se relèveront plus. Les aiguilles de leur montre se sont arrêtées, définitivement. D'autres vacillent mais tiennent encore, suffisamment pour avancer jusqu'à la gare et remplir les wagons qui puent le charognard. L'humanité grimace, se déforme, se transforme. Elle s'est métamorphosée en un monstre qui rugit sa haine, dévoreur à vomir.

C'est sur leurs traces, que nous étions un groupe d’une trentaine de personnes, le premier qui en inaugurera d’autres, à déambuler sur les sentiers de ceux qui s’aimaient là, habitaient là, travaillaient là. Vivaient là en somme … ne se doutant pas que seul le fait d’être juif les conduirait sur des chemins maudits.



Un programme soutenu, concocté avec minutie par notre organisatrice Audrey Alcabes. Une patience à toute épreuve. Accompagnée par Anastasio Karababas, historien et pédagogue hors pair pour inscrire la trace de l’histoire des juifs de Thessalonique (puis d’Athènes et de Grèce en général) à l’encre indélébile. Enraciner l’empreinte de leurs pas dans la mémoire collective. Affirmer leur existence. Les maintenir là, toujours là, présents, proches.


Le rythme fut dense. Comment peut-il en être autrement ? Tant de lieux à faire revivre. Tant de voix à réentendre. Tant de vies à réhabiliter.

Denses en émotions furent ces rencontres à couper le souffle, à nous tenir en haleine, suspendus à chaque mot qui se joignait au suivant pour retracer des récits de vie. Des temps de recueillement. Des voix qui s’élevaient à l’unisson dans un chant en ladino.


Des temps de partage et de convivialité, de rires et de joies ont également ponctué ce séjour de souvenance.

Certains d’entre nous ne connaissaient personne.

Beaucoup d’entre nous sont repartis le cœur chargé de moments forts en Histoire et en amitié.

Des motivations différentes pour les uns et pour les autres, mais nous étions tous là pour une même raison.

Ne jamais oublier, jamais.

Fixer des visages pour l'éternité.

Des épitaphes pour témoigner et conjurer toute mémoire en transit, tout oubli sans retenue.




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"Rallumer les étoiles", notre blog

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